Ca se discute - Peut-on devenir quelqu'un d'autre - 12 Octobre 2005

Invités pour la partie sur les trans,Catherine (mtf) et Sebastien (Ftm)

Le titre de l'émission ("peut-on devenir quelqu'un d'autre ") donne déjà le ton de l'émission puisque l'on y considère qu'être trans, c'est être devenue une autre personne.Ceci est en soi transphobe puisque l'on y voit une pensée essentialiste disant que le sexe est également le genre, et bien sur qu'une personne trans "devient quelqu'un d'autre" alors que c'est et reste la même personne.a ce titre Jean Luc Delarue dit à Benjamin "On a du mal à imaginer que vous étiez une fille"
Continuons avec la présentation des invités par Jean Luc Delarue.Il parle de "métamorphose " ou dit encore "vous avez opté pour le changement le plus radical".Car pour Jean Luc Delarue (et les grattes papiers qui lui écrivent ses textes), faire une transition est le changement le plus "radical" qu'une personne puisse faire ce qui montre l'essentialisme dont il fait preuve.
Toujours dans la présentation des invités, il parle à benjamin, et lui dit en hésitant "et vous êtes un ...",Benjamin répondant, 'Un Benjamin à part entiere", Jean Luc Delarue aurait-il du mal à considérer un ftm comme "un homme" ?

Attardons-nous maintenant au contenu propre de l'émission en ce qui concerne les trans.
Il y a tout d'abord ce qui fut dit concernant les pseudo-equipes "officielles".Elles sont montrées comme le passage obligé et unique pour les trans.Catherine dit "ben disons que j'ai voulu faire les choses en suivant les lois et tout","faire les choses dans les règles, parce que j'ai toujours voulu faire les choses dans les regles".On voit qu'elle, à tort, dit qu'il est illégal de ne pas passer par les pseudo-equipes officielles.
Ensuite on remarque également que Benjamin et catherine cautionnent les "protocoles" des susdites équipes officielles.benjamin dit qu'il faut faire 2ans de suivit psy minimum pour "être sûr".Catherine disant quant à elle "Ya les psychothérapies, ya pas de risques d'erreur".
Transparait ici un discours-psycho carcéral, oû une personne trans se soumet au psy pour qu'il valide le fait qu'elle soit trans (on y retrouve la non moins fameuse catégorisation en trans primaire ou trans secondaire, qui est de la pure transphobie).
Autre partie du discours de ces pseudo-equipes officielles que l'on retrouve dans la phrase de Catherine "j'ai du tuer Claude pour que Catherine naisse", elle la conviction de ces psys transphobes qu'il faut "tuer l'homme" (à coups d'Androcur notamment) chez une mtf pour "être une femme".
Jean Luc Delarue dit également "vous avez été mariée à une femme en plus", comme si pour être Mtf, il fallait entrez dans le modèle hétéronormé.
Le summum de ce discours étant quand Benjamin dit "Merci à ses chirurgiens qui veulent bien s'occuper de nous, à ces équipes ".On note que le chirurgien est vu comme le sacro-saint sauveur qui daigne dans toute sa générosité et magnifisance s'occuper des trans.Les pseudo-equipes officielles qui détruisent les trans sont ici cautionnées par Benjamin dans une phrase qui fait froid dans le dos.
Bien sur, dans cette émission on échappe pas aux références à "l'opération" puisqu'au début du reportage la voix off dit "Catherine est officiellement devenue un autre à 45 ans suite à l'opération qui lui à permit de changer de sexe, l'homme qu'elle était avant est définitivement mort" ou encore quand Catherine dit "On peut opérer les jeunes beaucoup plus tôt".Toujours cette vision essentialiste comme quoi si une mtf n'est pas opérée (ou à "subie la fameuse intervention chirurgicale" comme dirait Jean Luc Delarue ), elle n'est pas "vraiment une femme".Il y a la une vision binaire et conformiste que l'on note également quand Catherine dit "je sais pas, c'était inné" quand Jean Luc Delarue lui demande oû elle à appris a se maquillée.mais aussi lorsque la voix off dit "Malgré sa nouvelle apparence, la passion de Catherine pour la mécanique est restée intacte" à cela est lier la partie ou Catherine dit qu'elle ne veut pas trop mettre les mains dans le moteur, car son "coté féminin " ne veut pas qu'elle soit sale.
Dernier point, Jean Luc Delarue multiplie les références au passé des deux invités en leur demandant quand vous étiez "x" (il utilise l'"ancien prénom " des invités)

Pour conclure, nous pouvons dire que l'émission fait preuve de transphobie lorsqu'elle cautionne les pseudo-equipes officielles ou lorsque Jean Luc Delarue parle aux deux invités en faisant référence à leur passé par leur "ancien prénom " mais également dans la vision essentialiste mise en avant.
Malgré tout, cette émission est plutôt intéressante sur les rapports avec les proches, par exemple le témoignage de la soeur de Benjamin est asser intéressant, car nous voyons ici ce que peut ressentir une personne proche.